Le top 5 des nouvelles pratiques pour les pros de la petite enfance en crèche, MAM,…
Loin d’être de simples lubies, de nouvelles pratiques se sont doucement intégrées dans le quotidien des familles françaises. Si elles sont pour certaines encore méconnues, leur intérêt pour les enfants a pourtant déjà fait ses preuves. Et pourquoi nous n’intégrerions pas ces nouvelles façons de prendre soin de nos bambins dans nos structures d’accueil ? Petit tour d’horizon de 5 d’entre elles !
Pratique N°1 : Le portage avec un porte-bébé ou une écharpe en tant que pros de la petite enfance
Etonnamment, malgré les nombreuses démonstrations des bienfaits du portage pour les enfants, la pratique du portage dans les structures d’accueil n’est pas si courante. Les freins ont pu, à une époque, être liés à des directives parentales. Aujourd’hui ils sont de plus en plus nombreux à pratiquer le portage dans leur vie quotidienne et n’émettent souvent aucune réticence à ce que leur enfant soit porté dans la journée par les pros de la petite enfance qui l’accueillent. Alors pourquoi cette pratique a-t-elle du mal à faire sa place dans nos structures d’accueil, tant individuel que collectif ?
Les anciennes croyances faisant du bébé porté un enfant capricieux tendent à disparaître pour les nouvelles générations de professionnelles. Les freins qui semblent être les plus prégnants sont ceux liés à l’outil en lui-même, le moyen de portage : « trop compliqué à installer », « provoque des maux de dos », « donne chaud »… il existe autant d’argument que de professionnels non initiés au portage.
Car une fois que vous avez porté confortablement un bébé contre vous, lové dans une écharpe (ou un autre moyen de portage) alors l’ocytocine que vous aurez reçue vous donnera forcément envie de recommencer. C’est comme ça, porter un bébé contre soi provoque chez le porteur et le porté, une décharge d’ocytocine, qu’on connaît mieux sous le nom de « hormone du bonheur ».
Alors levons ces freins une bonne fois pour toute ! Porter un enfant avec un équipement comme un porte-bébé ou une écharpe de portage ne doit pas faire mal au dos du pro de la petite enfance : si c’est le cas, alors revoyons l’installation, les réglages, et si besoin changeons de moyens de portage. Nous n’avons pas tous la même géographie corporelle et le porte-bébé que vous adorez ne conviendra pas forcément à votre collègue qui préfère porter en écharpe. De la même manière, la matière du tissu a aussi son importance dans le choix de son outil de travail… qui pourra aussi évoluer en fonction des enfants puisqu’eux aussi ont leurs petites préférences !
Tester plusieurs modèles et réglages, en se faisant aider d’une monitrice qui pourra trouver des adaptations pour un confort optimal… c’est la clé d’un portage réussi !
Tous les bébés n’aiment pas être portés, tous n’en n’ont pas forcément besoin et surtout pas tout le temps. Aussi, après avoir trouvé le moyen de portage qui nous convient on pourra installer l’enfant pour l’accueillir et faciliter la transition du parent au professionnel, le réconforter lorsque la peur pointe le bout de son nez, apaiser le reflux post prandial ou faciliter l’endormissement… tous les enfants ont besoin de proximité avec l’adulte à un moment, à nous de repérer quand. Une fois installé, l’enfant s’apaise, et nous sommes toujours présents pour les autres enfants puisque nos bras sont libres.
Pour plus de détails sur la pratique du portage par les pros de la petite enfance, consultez notre article dédié.
Pratique N°2 : La Diversification Alimentaire Menée par l’Enfant (DME) en tant que pros de la petite enfance
Elle est trop rapidement résumée comme étant l’opposé de la diversification conventionnelle, à savoir l’introduction d’aliments complémentaires au lait sous formes de purée/compote. C’est un raccourci facile à faire mais qui omet de nombreuses composantes de cette « technique » finalement peu pratiquée si on s’attache à la pratiquer entièrement, c’est-à-dire : « lui offrir de la nourriture saine, lui faire partager les repas en familles, s’assurer que seul l’enfant met les aliments dans sa bouche, lui faire confiance concernant quoi manger, dans quelle quantité et à quelle vitesse, ainsi que lui proposer de la nourriture à attraper avec les doigts » (définition de Gill Rapley qui a popularisé cette pratique en Angleterre dans les années 2000).
Aucune étude scientifiquement intéressante n’a permis d’établir des résultats probants sur les bénéfices de cette pratique. Mais il en est de même pour les risques encourus. Il convient donc de rester raisonnable dans un sens comme dans l’autre. La DME favoriserait le développement de la motricité, de la mâchoire et des dents, ainsi que l’acquisition de bonne habitudes alimentaires. De même, le risque d’étouffement ne serait pas augmenté par rapport à la diversification dite conventionnelle.
Il faut également se rassurer quant à la pratique d’une diversification dite « mixte », c’est-à-dire celle qu’on entend comme alternant DME à la maison et diversification conventionnelle à la crèche (ou inversement). On peut parfois lire qu’il est dangereux de faire de la DME avec un bébé habitué aux purées lisses, pourtant, les spécialistes de cette question vous diront que le réflexe nauséeux (GAG reflexe) ne se perd pas et permettra donc à l’enfant de recracher les morceaux trop gros.
De simples astuces permettent de contrer l’argument du surplus de nettoyage provoqué par la DME (et oui c’est inévitable !), tel qu’étendre un grand tissu sous la table pour recueillir les envolées de nourriture.
Pour pratiquer la DME, le changement le plus important qui interviendra portera sur le format des aliments présentés aux enfants et donc, dépendra de votre cuisinier ou de votre prestataire. C’est peut-être par là qu’il serait utile de débuter nos réflexions, pour voir avec eux ce qu’il est possible de proposer.
Pour plus de détails sur la pratique de la DME par les pros de la petite enfance, consultez notre article dédié.
Pratique N°3 : Faire de la nature et l’extérieur un espace d’accueil de l’enfant
Réintégrer la nature dans le quotidien de nos enfants, voilà l’objectif principal des structures qui se lancent dans la pratique des siestes en extérieur. Si dormir dehors a un réel intérêt pour nos enfants, peut-être qu’une nouvelle organisation de ce type apportera quelques réticences aux professionnels de la petite enfance. Et si vous débutiez par augmenter les temps d’éveil en extérieur ? Parce que dormir dehors c’est bien, mais explorer la nature avec tous ses sens en éveil c’est encore mieux. A tout âge, les enfants seront stimulés par l’environnement extérieur : un oiseau qui chante, une feuille qui bouge, l’air qui caresse la peau, le soleil qui réchauffe… dehors, tout n’est que découverte et enchantement !
Mettre un grand tapis au sol et y installer les bébés, plutôt que de les installer à l’intérieur, cela ne prend que le temps de les habiller un peu plus chaudement (ou pas !).
Il n’est pas nécessaire d’investir beaucoup financièrement pour permettre aux enfants de retrouver ce lien avec la nature. On peut même, dans un premier temps, demander aux parents de fournir une tenue chaude et une tenue pour la pluie. Il sera plus utile d’investir dans la sensibilisation, voire même la formation, de vos équipes pour qu’elles soient complètement engagées dans ce « projet nature » au quotidien. Parler de nature, s’y référer pour expliquer quelque chose, observer et faire observer… autant de petites habitudes à acquérir et qui feront tout la différence avec simplement l’emplacement du dortoir pensé à l’extérieur.
Pour plus de détails sur l’intégration de la nature au quotidien dans les structures d’accueil de l’enfant, consultez notre article dédié.
Pratique N°4 : Acheter de seconde main les équipements et jouets en tant que pros de la petite enfance
Vous avez peut-être déjà l’habitude d’acheter des objets d’occasion dans votre vie personnelle, de parcourir les vide-greniers, de dénicher les bonnes affaires sur Leboncoin ou une autre marketplace… Et pourtant pour la création de votre structure d’accueil, ou le renouvellement de certains matériels, vous n’y pensez même pas ! Pour quelles raisons n’avons-nous pas le réflexe seconde main lorsqu’il s’agit d’équiper une structure d’accueil ?
Votre projet vise à accueillir les enfants dans les meilleures conditions possibles, pour assurer leur santé et leur bien-être pour un développement de leur plein potentiel. Ainsi, il est impossible aujourd’hui de faire l’impasse sur les questions de santé environnementale : qualité de la nourriture, de l’air ambiant… tout est passé en revue pour offrir un environnement le plus sain possible. On cherchera donc à éliminer au maximum de nos espaces tous les produits qui pourraient émettre des polluants de l’air intérieur comme par exemple les COV (Composés Organiques Volatils) présents dans le mobilier neuf. Et c’est ainsi qu’on arrive très vite à la conclusion qu’acheter des meubles, des matériels et des jouets de seconde main est une des meilleures solutions pour diminuer drastiquement ces polluants, tout comme faire très attention aux choix des peintures utilisées.
En matière de puériculture, d’autres réticences s’ajoutent aux premières. On a besoin d’être rassuré sur le plan de la sécurité du matériel et de l’hygiène. Si vous voulez vous épargner les recherches sans fin, faire appel à un partenaire qui sélectionne le matériel pour vous serait idéal. C’est ce que proposent les acteurs du reconditionnement : des produits de qualité, aux normes, fonctionnels et propres. Ils répondent à votre cahier des charges techniques, en s’adaptant à vos besoins.
L’achat d’occasion possède également cet argument non négligeable du prix beaucoup plus abordable que le produit neuf. En faisant votre liste de besoins réels, en fonction de votre organisation et de votre espace (et non plus en regardant les catalogues pensés pour vous faire rêver) vous pourrez déjà limiter le nombre de produits à acheter, mais aussi vous autoriser à aller trouver du matériel de différentes marques, couleurs et matières. La différence de budget vous permettra probablement de vous autoriser à acheter les supers salopettes imperméables qui serviront aux activités extérieures.
Ainsi équipé de matériels de seconde main votre établissement n’en sera que plus riche d’histoires, de diversité et de vie !
Retrouvez notre article sur l’achat de seconde main pour les pros de la petite enfance, ici.
Pratique N°5 : Faire avec moins et parfois rien dans les structures d’accueil de l’enfant
Vous l’avez tous probablement déjà entendu : « il s’est plus amusé avec le carton d’emballage que le jouet ! »
Et oui, nos enfants ne sont pas très exigeants en matière de distraction. Encore faut-il savoir attiser leur curiosité !
S’il est nécessaire que l’enfant ait matière à développer ses compétences et habiletés grâce à des jeux et à des interactions sociales, il n’est pour autant pas recommandé qu’il soit en permanence stimulé par ces mêmes canaux. Pour stimuler sa créativité, il faut qu’il ait un espace suffisant pour laisser son esprit vagabonder. Quoi de mieux pour cela que de laisser une page blanche, une salle vide ? C’est ce qu’expérimentent certaines structures d’accueil en proposant des activités simples, sans jeux ou animation particulières des professionnels de la petite enfance, et parfois même des ateliers du rien !
Imaginez une salle dans laquelle on a disposé pour seul jeu le matin… des cartons. Les enfants arrivent et évidemment ont un temps de surprise. Mais rapidement les cartons deviennent la matière à explorer, à toucher, à sentir, à goûter même parfois. Tous les enfants se retrouvent ensemble sur, dessus, dessous les cartons. Ils s’observent, s’imitent, se montrent des choses, se parlent… les interactions et l’imagination sont à leur maximum. Les pros de la petite enfance eux, sont à proximité toujours pour apporter la sécurité qui pourrait manquer parfois à certains, mais n’interviennent pas. Après quelques temps d’exploration on introduit quelques gommettes. A nouveau c’est l’effervescence de la création. Les enfants sont enthousiastes, et en relation avec les autres, petits et grands, garçons et filles sans distinction.
Ainsi, voyez qu’avec peu de matériels une activité peut être riche de divertissement et d’apprentissages. Vous devez probablement déjà organiser des activités avec des matériaux de récupération, c’est simple, efficace et pas cher. Nous ne pouvons qu’encourager ces pratiques qui permettent d’éviter la surconsommation de produits (qui plus est souvent pas très sains on le rappelle) et de déchets. Plus que de proposer ces activités aux enfants, il est également intéressant d’expliquer aux enfants (mais aussi aux parents qui seraient bien souvent ravis d’avoir des idées d’activités à faire avec leurs enfants !) d’où viennent tous ces outils bricolés !
Vous pouvez-même programmer des ateliers du rien. Là, c’est encore plus simple : on ne laisse rien. Le plus pratique est d’avoir une salle dépourvue de mobilier, sans décoration. Vous laissez entrer les enfants et vous ne dîtes plus rien. Après un temps d’exploration motrice active (les enfants courent partout !) les enfants vont inévitablement se mettre à interagir entre eux. Ils s’imitent, s’entraînent, se parlent… les aptitudes sociales sont en train de se développer à pleine vitesse. Les adultes sont toujours dans une posture d’observation et n’interviennent pas. Et le plus drôle c’est qu’ils n’ont pas besoin d’intervenir : on pourrait croire que des conflits pourraient naître mais l’absence de matériels évite les rapports de jalousie et les enfants autorégulent leurs interactions et ne font que très peu de bruits. Lorsqu’il est l’heure de cesser cet atelier du rien et de revenir dans la salle habituelle, attention à vos oreilles, les sons vous sembleront décuplés !
Cet atelier pourrait évidemment se reproduire dehors. Il faudrait alors l’organiser dans une prairie, sans aménagement et sans y introduire de matériels. La découverte de l’environnement par les enfants serait incroyablement riche d’apprentissages autonomes : sec/mouillé, froid/chaud, rugueux/lisse, lourd/léger, l’action du vent, le chant des oiseaux, le mouvement des fourmis, la fragilité d’un brin d’herbe… que de merveilles à ressentir !
Vous pouvez retrouvez le témoignage d’une structure d’accueil ayant expérimenté les ateliers du rien, par ici !
A propos de l’autrice :
Sophie Garnier est infirmière puéricultrice. Après avoir exercé en services hospitaliers de pédiatrie et néonatologie, elle a ensuite travaillé en PMI (Protection Maternelle et Infantile). Elle a rejoint l’équipe Tikoantik en décembre 2022 en tant que conseillère vente pour accompagner et conseiller les clients professionnels.