Et pourquoi pas des toilettes sèches dans ma crèche ?
A l’heure de la sobriété et des périodes de sécheresse, nombreux sont ceux, particuliers comme professionnels, qui se posent les questions d’adapter leurs locaux pour faire face à ces nouveaux enjeux. Electricité, chauffage, eau… plusieurs postes de dépenses peuvent être passés en revue.
Si ces différents domaines intéressent plus particulièrement l’aspect technique du bâtiment, intéressons-nous plus particulièrement à la possibilité d’économiser l’eau. De nombreuses pratiques quotidiennes permettent de contribuer à faire quelques économies d’eau : installer des robinets poussoirs (ou à détecteur de mouvements) ainsi que des mousseurs sur tous les robinets, prévoir l’utilisation de Mr Bidon (les enfants vident leur verre dans un bidon en fin de repas, ce qui servira ensuite aux activités ou à l’arrosage des plantes) …
Evidemment il existe un poste de dépenses d’eau non négligeables pour tout bâtiment : si on compte 3 à 12L d’eau par chasse d’eau alors on comprend tout de suite que réussir à se passer plus ou moins complètement de ces eaux de chasse d’eau aura un impact important sur votre consommation.
Si utiliser les eaux de pluie dans les sanitaires n’est pas une pratique autorisée par crainte que les enfants ne puissent boire cette eau potentiellement contaminée, il existe bel et bien une autre façon d’économiser de l’eau dans les toilettes.
Nous connaissons tous le principe des toilettes sèches, que l’on voit fleurir dans les festivals ou bien de plus en plus dans les maisons particulières. Alors combien sommes-nous à connaître une structure d’accueil de la petite enfance équipée de ce genre de toilettes ? bien peu encore ! Que ce soit par souci d’économie ou par choix pédagogique, l’installation de toilettes sèches est une pratique encore peu courante, mais pourtant bel et bien autorisée par la PMI (se renseigner auprès du service de PMI compétent dans votre département, c’est le cas en Morbihan ainsi que dans d’autres départements mais nous n’avons pas l’information pour tous les services).
L’aménagement des sanitaires dans les crèches
L’aménagement des sanitaires, conventionnels ou non, pose toujours des questions aux pros de la petite enfance : comment respecter la pudeur de chaque enfant ? comment y être tout de même présent pour les accompagner ? doit-on installer des urinoirs ?… La réponse à toutes ces questions pourrait bien se trouver dans le choix des toilettes sèches ! car en ce qui concerne le design, si vous commencez à vous intéresser à la question vous trouverez une multitude proposition !
Une des conditions requises pour obtenir l’agrément de la PMI est de pouvoir laisser aux enfants le choix d’utiliser des toilettes sèches ou des toilettes conventionnelles, il faudra donc bien penser à permettre l’accès à l’une et à l’autre des installations lors de vos réflexions.
Les premières initiatives ont souvent été portées pour solutionner la problématique qui peut se poser lorsque les enfants sont à l’extérieur : et oui vous savez, les enfants qui veulent aller faire pipi alors que tous les pros sont dehors… ce qui impose que l’un d’entre eux rentre également, laissant par la même occasion le groupe d’enfants avec un pro de moins.
Des toilettes sèches en extérieur
Certaines structures d’accueil ont trouvé la solution à ce problème en installant des toilettes sèches à l’extérieur. Et bien plus que de poser souci aux enfants, ils ont pu constater que cet aménagement était en fait une formidable attraction ! et oui, quoi de plus amusant que de recouvrir son caca avec de la sciure ? faire participer l’enfant aux actes de sa vie quotidienne, on le sait, c’est un pas de plus vers son autonomie, d’autant plus lorsqu’il le fait de manière ludique.
Vous l’aurez compris, cette installation est complètement intéressante pour nos structures d’accueil, tant du point de vue pédagogique (apprentissage du réemploi des déchets, économie d’eau…) qu’économique. En revanche, avant d’adopter définitivement ce système il conviendra tout de même de se poser quelques questions pratiques, notamment en premier lieu concernant la gestion des déchets. Qu’elle soit faite sur place ou par un organisme extérieur il est nécessaire de questionner la fréquence de vidage des contenants, ainsi que l’adhésion de l’équipe qui s’en occupera. Pour les structures déjà équipées cela semble ne poser aucun souci, c’est simplement une poubelle en plus à sortir. Pour ceux qui aimeraient s’occuper eux-mêmes du compostage, il sera tout de même nécessaire de se former de manière plus approfondie (notamment pour apprendre le compostage de ces déchets et les différentes façons de les réutiliser).
Pour ceux qui s’interrogeraient sur l’adhésion des parents, il sera évidemment nécessaire de les informer et de leur montrer l’installation mais les retours sont plutôt positifs, les parents étant de plus en plus conscients des enjeux écologiques de notre temps et de la nécessité d’y sensibiliser nos enfants.
Quant à la question hygiénique qui pourrait interroger certains, aucune étude n’est venue confirmer (ou infirmer) les premières constatations de certaines équipes : les épidémies de gastroentérites seraient moins nombreuses depuis l’utilisation de toilettes sèches. Une tentative d’explication de ce phénomène tendrait à dire que les bactéries étant bien souvent très à l’aise dans l’eau, l’absence d’eau sur les cuvettes des toilettes ferait diminuer leur présence et donc la contamination des enfants.
Photo illustration : Amy Reed sur Unsplash